Né en 1971.
Vit et travaille à Montreuil, France.

Mes pratiques sont multiples. Elles l’ont toujours été depuis mes études d’arts appliqués.
Même si elles se sont essentiellement concentrées sur la sculpture et le mobilier ces dix dernières années, il m’arrive encore de travailler avec l’image, le son, l’installation. C’est la nature des choses qui m’intéresse. Pas comme elles se présentent à priori, mais plutôt comme on peut les appréhender selon leurs représentations, leurs manipulations.

Il s’agit non pas de tromper le regardeur (encore que) mais de le chahuter dans ses certitudes. Le surprendre ou simplement le faire sourire.

Dès mes premières vidéos, faire du faux avec le vrai m’a toujours inspiré. Que l’improbable devienne possible. Juste pour le plaisir de donner à voir autrement plutôt que de faire croire. Distinguer le trafiqué du réel n’a jamais été ce que je cherchais à éviter. Plus que jamais il faudra faire avec leur cohabitation. C’est la petite histoire racontée qui compte.

Pour la sculpture, quelque soit l’objet final, jamais vraiment défini au préalable, le matériau de départ, qu’il soit morceau de bois, plâtre liquide ou pièce d’acier indéterminée, subira de multiples transformations pour devenir autre tout en conservant une part de son intégrité. Aller chercher dans ses limites en jouant avec ses propriétés. Beaucoup ne résistent pas à l’épreuve, c’est le jeu.

Le mobilier et ce qui s’y apparente relève d’une démarche un peu similaire. Chercher des tensions, des équilibres, des rapports de proportions, de contraste…Autant de facteurs qui feront de la pièce un objet intéressant ne serait-ce qu’en le regardant. Et tourner autour pour le voir autrement encore.

Entretien avec Patrick Renaud. Avril 2022.

Pour un livre sur mon travail en sculpture. Faire. Déjà pour voir. Imprimé à 250 exemplaires. 2022

Au cours de discussions, tu me disais que ta formation artistique au sens classique a commencé avec l’école ATEP et cependant, tu me parlais de Francis Bacon comme d’un choc visuel. Pourtant tu avais peu d’intérêt pour la peinture, celle-ci ne pouvant montrer « la nature des choses ». À la différence d’un artiste comme Arcangelo Sassolino. Pourquoi lui plus particulièrement ?

C’est à l’ATEP que j’ai découvert Bacon. En commençant cette école, je n’avais strictement aucune culture artistique. Voir les autres élèves déjà fans de tel ou tel artiste m’a sans doute un peu contraint à affirmer des goûts que je n’avais pas. Bien que Bacon m’avait particulièrement frappé, j’ai sans doute surjoué une admiration pour cet artiste, parce qu’il fallait bien en choisir un. De même qu’il était souhaitable à mon âge d’avoir des opinions politiques précises. Que je n’avais pas non plus. 

Je ne suis pas très curieux de mes contemporains et pas tellement non plus des anciens. À tort certainement, mais…Si je dois te citer un artiste dont le travail me plait particulièrement, alors oui, je dirais Arcangelo Sassolino. Parce que son travail relève de l’expérience aussi. D’une pratique physique, mécanique sur la matière pour la faire parler. La faire gueuler serait d’ailleurs plus juste, tant il la maltraite. J’aime aussi la démesure des moyens engagés pour le résultat visé; le soin accordé aux détails pour produire un effet à la fois spectaculaire et sans plus d’intérêt que ça. Je n’ai jamais rien lu de lui mais je pense que l’on partage cette envie simple de « voir ce qui se passe ».

Dans ton travail, il y a ce que j’appelle les œuvres construites et les œuvres de collecte. Les premières font référence à un moment dans une action, les secondes à des ressemblances avec un visage, un corps, trouvés dans la nature dans des pierres, du bois ou autres matériaux. Ces prélèvements, tu vas leur donner un autre statut, par un socle, un coffret, des ajouts etc. Extraits de leur contexte ces détournements de sens posent la question : qu’est-ce qu’on voit vraiment ?

Œuvres construites et œuvres de collecte…On peut effectivement distinguer ces deux catégories, même s’il arrive qu’elles se retrouvent mêlées. La collecte remonte à bien avant mon éducation artistique. Je n’avais pas 10ans, je pense, quand j’ai ramené chez moi, fier de ma trouvaille, un crâne de chat prélevé sur un cadavre desséché. J’étais fasciné par la finesse de l’objet, sa symétrie, sa délicatesse, en mettant totalement de côté l’aspect morbide de cette collecte. Un vrai petit trésor. Mais c’est bien plus tard que j’ai commencé à en faire autre chose, et pas seulement les accumuler. 

Tout objet, fragment plutôt, naturel ou industriel, peut engager le début d’une pièce, pourvu qu’il ait retenu mon intérêt par sa forme et une évocation plus ou moins immédiate. Il ya une énorme déchetterie de ferraille où je vais de temps en temps, comme les amateurs de champignons partent en forêt. J’ai droit à 45 minutes après l’arrêt des machines, seul parmi les gigantesques monticules, pour dénicher quelques beaux morceaux. J’aime bien ce temps limité qui oblige à des choix rapides. Si la pièce est accessible, transportable immédiatement, si elle tient seule une fois déposée au sol, dans une posture intéressante, je la mets dans le coffre. Et on verra plus tard. Il peut se passer beaucoup de temps avant la première intervention dessus.

Mais alors qu’est-ce qu’on voit vraiment… ? C’est justement cette question que je souhaite soulever, pour mieux la laisser en suspens. Parce que même après avoir touché (j’y invite souvent), avoir caressé (parce que le toucher y invite à son tour),il n’est pas forcément évident de déterminer la nature exacte de l’objet en question. Et qu’en est-il de son statut ? De la curiosité qu’on lui accorde.Qu’il soit sur une étagère, à la maison, ou sur le socle blanc d’une galerie branchée, ne change pas sa nature mais bien son statut et donc sa valeur supposée. J’aime jouer avec les artifices qui peuvent contribuer à brouiller les pistes. Un fétiche antique ? Une œuvre fraichement réalisée ? Un entre-deux qui pourrait faire « penser à » mais en fait, non, ou pas sûr. 

J’invente une histoire aux pièces que je propose. Ou je la transforme.  Peu importe le vrai du faux, ils se confondent de toute manière. L’intention est de donner à voir ce qu’on ne rencontrerait pas autrement et qui suscite l’étonnement.

Il y a souvent aussi de l’humour dans ces détournements…

Oui. Parce que c’est mon outil de connivence de prédilection. Dans mes rapports sociaux aussi. Un pas de côté sur le réel souvent emmerdant. Dans mes propositions, l’humour tient, je crois, au décalage absurde ou à la préciosité accordés à quelquechose qui n’en a pas. Mon Saumon fumé entier en tranches en bois et son étui(tel est son titre) est une bonne illustration du sérieux que j’accorde à l’humour. Ce sérieux se traduit par une application aux détails de la « mise scène ». Une préciosité qui peut paraitre un peu ridicule au regard de la nature de l’objet, mais qui finalement le sert pour l’emmener vers un statut autre que celui de résidu. Je trouve cela drôle moi, de découvrir un saumon fumé en bois dans un délicat coffret conçu spécialement pour lui. C’est quoi un objet précieux?

Dans les « œuvres construites », il y a plusieurs éléments, soit au sein de la sculpture elle-même, soit dans ses répercussions, c’est à dire dans ce qu’elles peuvent tisser entre elles. Le premier est l’idée d’équilibre fragile, de pose instable, avec les poutres par exemple. Le second, qui montre des poches molles contraintes par compression. Il y a là un développement avec un avant et un après. Ton travail consiste à saisir l’instant en suspens avant l’éclatement, la rupture…

C’est ça. Jusqu’à la limite. Figé au bord. Mes poches éclatent souvent, mais dans ce cas, la sculpture n’a même pas eu le temps d’exister. Quand elles sont réussies et que je juge le résultat intéressant, elles peuvent encore finir par se briser. C’est le jeu. Je ne vais pas les consolider pour leur assurer une longue vie. Il y a des limites à la tricherie.

L’instant en suspens... J’aime bien cette vision. Contrairement à Sassolino qui lui, met en scène « la rupture » en action. On peut dire en effet que je fige un instant entre deux états, deux moments. Le plâtre se prête particulièrement à ces expérimentations. 

Puisque nous en sommes à chercher les pistes qui constituent ton travail, j’aimerais rappeler un texte de Jean- Christophe Bailly où il indique que l’œuvre comme résultat est un intercalaire entre ce qui se fait et ses interprétations. Résultat d’abandons, de résistance, de séparation, de quantité d’hypothèses. Or il y a dans ton travail un mouvement mais sans déplacement. Mouvement que l’humour vient parfois désamorcer mais qui n’efface pas cette inquiétude baroque de la tension contre l’effondrement. Peux-tu dire comment les solutions plastiques sont venues, si elles se sont imposées en renonçant à quoi par exemple ? Est-ce que le résultat est un acte « conscient » ou as-tu le sentiment que c’est plus l’œuvre qui commande ?

Je dirais que l’œuvre propose aussi, plutôt qu’elle  ne«commande». Il y a à chaque fois comme une forme de bataille qui s’engage entre les matériaux et moi. Entre leurs propriétés et mon intention. Avec le plâtre, sa prise rapide oblige à l’urgence dans la mise en forme. Même si les chemins du résultat visé ont bien été étudiés en amont, au moment où ça se passe, il faut agir rapidement, souvent changer d’option ou parfois continuer sur une autre piste qui s’est révélée après coup. Une fois débarrassée de son enveloppe, la chose née peut rester telle quelle, servir en tant que fragment pour une sculpture future ou terminer dans un sac à gravats, encore fumante. Donc l’œuvre comme résultat d’abandons, de résistances... En partie, oui. Le résultat procède de choix avisés tout de même !Il m’arrive de faire réaliser des éléments par d’autres artisans, pour les besoins d’une pièce. Où d’aller choisir un morceau avec une idée précise. Mais d’une manière générale, j’utilise des résidus qui m’entourent, des choses mises de côté, beaucoup de chutes de bois en tout genre issues de mes chantiers de menuiserie.

Si certaines pièces comme les tôles froissées ou pliées ont l’autonomie d’être à la fois une surface intérieure et extérieure selon comme on les regarde, les poches contraintes ou les boudins sont dépendantes d’une architecture, une structure qui va comprimer une forme molle sans d’ailleurs qu’elle en conserve l’empreinte. J’aimerais que tu reviennes sur ce point limite. Car ça commence comme un moulage, du semi-liquide qui rencontre une matrice, ça passe de l’informe à un modelé « sans volonté, hasardeux » ?

Je ne cherche pas à répliquer une forme exacte et ses détails comme on le fait avec le moulage. Il s’agit de faire apparaitre quelque chose qui n’existait pas au préalable. C’est le choix du contenant, son élasticité ou au contraire, mais plus rarement, sa forme figée et construite en amont qui détermineront en partie le résultat. Je ne contrôle pas vraiment l’affaissement du volume dans le cas des poches. Je le guide mais souvent, il échappe. Contenu dans son enveloppe, toujours prêt à éclater. Et puis il y a aussi ces structures que je fabrique avant, sans volonté esthétique initiale, avec ces chutes de bois autour de moi, qui vont contraindre, comprimer, la poche encore molle, jusqu’au moment que j’ai envie de figer. Ces structures feront partie intégrante de la pièce finale ou resserviront, modifiées, pour d’autres expériences.

L’œuvre est donc bien le résultat de toutes ces combinaisons : de choix et d’abandons, d’accidents et de changement d’options. Alors oui, je rejoins Bailly, on le fabrique ensemble, ce résultat, l’œuvre et moi.

Y a-t-il un lien avec la photographie et la vidéo que tu as pratiquées ?

Que je pratique toujours. Moins souvent, c’est vrai. Pas assez immédiat peut-être... Le lien qu’il pourrait y avoir serait sans doute avec cette idée d’une « version des choses ». J’imagine que tout artiste propose des « versions des choses »… En général les miennes s’appuient sur une scène, un décor réel pour aller vers quelque chose de plus improbable. Avec humour là aussi, souvent. Comme avec les objets auxquels je colle une histoire, mes photomontages ou mes vidéos proposent un bref récit. Une situation, un moment, qui aurait eu lieu alors qu’il n’a jamais existé. Sur le fil du vraisemblable. On retrouve la question que tu as posée : « Que voit-on exactement ?».

Même si je me consacre surtout à la sculpture depuis une dizaine d’années, je retourne vers la vidéo et l’installation de temps en temps. Au gré des idées qui durent. La dernière, «Schubert, Brendel, Lucien» est née de captations de concert d’Alfred Brendel trouvées sur internet. Au delà de mon goût prononcé pour Schubert (que j’ai déjà utilisé au cœur d’une autre installation), c’est le jeu de l’interprète, tant physique que musical qui m’a fait en produire «une autre version». Comme une série de possibles, là aussi, où Brendel se plierait à mon jeu. Avec ce qu’il a à m’offrir et ce que j’ai à ajouter, pour voir. Un hommage, plus qu’une raillerie, bien sûr. 

L’objet et l’image peuvent aussi s’associer, pour encore «une autre version». La dernière pièce protéiforme que j’ai réalisée avant de m’aventurer vers la sculpture, était une sorte de conclusion à mes expériences de manipulations de l’image et du sujet. Gestalt XXX met en scène l’image en tant qu’objet à observer, à manipuler. Des fragments les plus élémentaires qui la composent, jusqu’à l’ensemble qui signifie.Les différents procédés utilisés sont autant de moyens qui permettent à la fois de décortiquer l’image, de la transformer, de la dissimuler et de la révéler. La théorie de la Gestalt soutient que la perception globale d’une forme précède celle de ses éléments. Le tout étant différent de la somme de ses parties. 

Alors que voit-on vraiment ? 
Difficile de le savoir.

A talk with Christophe Lucien.

Patrick Renaud. April 2022.

You once told me your artistic training (in the conventional sense) had started when you attended the ATEP school, and yet you also told me about the major visual shock you experienced with Francis Bacon. In spite of the fact that you did not take a great interest in painting, an art that could not show "the nature of things". Except for the artist Arcangelo Sassolino. What is so particular about him?

The ATEP is where I discovered Bacon. When I got into that school I had no artistic culture whatsoever. There I saw students like me who were already fans of such and such an artist, and I suppose this drew into declaring tastes that I did not really have. True enough, Bacon had made a particularly strong impression on me, but I greatly overplayed my admiration for this artist, just because I felt had to choose one. In the same way as at my age it seemed proper to have definite political opinions, which I did not have either. 

I am not much interested in my contemporary artists, and not really in the oldies either. Ok, I am surely wrong, but there you go… If I must name an artist whose work I particularly like, then yes I would say Arcangelo Sassolino. Because he works like a craftsman. He uses physical and mechanical processes to make matter talk. He even mistreats matter enough to make it twist and shout. I like the excess of means he deploys to attain his objective, and the attention he gives to every detail, in order to produce an effect both spectacular and of no special interest. Although I have never read anything he may have written, I feel we share this primal urge to "see what happens".

In your work there are what I would call constructed pieces, and found pieces. The first refer to moments of action, whereas the second play on a similitude to a face, a body, and grow out of stones, bits of wood or other materials picked up in nature. Through this sampling process you will change the status of these pieces, adding a mount, a casing, or other add-ons. Torn out of their context, the subverted meaning of these pieces raises the question: "what do we really see?" 

Constructed pieces and found pieces… yes I suppose you can make this distinction, even if the two sometimes overlap. I started gathering objects long before my artistic education. I think I was hardly 10 when I proudly brought home the skull of a cat I had detached from its dessicated corpse. I was fascinated by the symmetry and delicacy of the object, completely bypassing the morbid character of my find. For me it was a real treasure trove. Only much later was I to start giving meanings to my finds, rather than just collecting them.

Any object, or rather fragment, be it natural or industrial, can initiate a work, so long as it has captured my interest by its shape or by a more or less immediate evocation of something. There is a vast metal scrap yard which I visit from time to time, It makes me feel like those mushroom fans searching the woods. The yard people give me 45 minutes after the machines have stopped, all alone amidst the huge mountains of scrap; to salvage some precious morcels. I appreciate this time limit, which forces quick choices. If the object is within reach, can be transported at once, and stands in an alluring posture when put on the ground, I pop it in my boot of my car. And later I'll see what to do with it. And that may take a very long time. 

And so "what does one really see?" That is the very question I wish to raise, only to let it rest in mid-air. Because even after touching the object (I often invite people to do so), and after caressing it (which touching invariably then leads to do), its precise nature is not easy to determine. And what about its status? And what about the curiosity it awakens? Whether it rests on a shelf at home or on a whitened stand in a trendy gallery does not change its nature but does affect its status, and hence its presumed value. I enjoy playing tricks which confuse the issues. Is it an ancient fetish? A modern work of art? Something in-between, which faintly "rings a bell", but then not, or not really… ?

I invent stories for the works I propose. Or I transform them. I care not for truth or untruth, they are not clearly distinct anyway. The intent is to put up for show something one would not see otherwise, something which astonishes. 

There is often some humour in your subversions…

Yes. That is how I prefer to achieve some form of connivance. I use it in my social life also. Side-stepping an often tedious reality. The humorous side of my work can reside in an absurd discrepancy, or in overstating the preciosity of something quite ordinary. I titled one of my works Whole wooden sliced smoked salmon in its sheath which is a good illustration of how seriously I take humour, and how seriously I will attend to every detail of its scenography. This ridiculous degree of preciosity applied to a more or less ordinary object may finally serve it, transmuting it to a status more glamorous than just waste. I think it is funny to discover a wooden smoked salmon in a delicate casing specially designed for it. What exactly is a precious object? 

In the "constructed pieces" I see several elements, either in the sculpture itself, or in its impact, in the connections they weave among themselves. One is a fragile balance, an unstable posture, as with the beams. Another shows soft pouches being compressed. Here there is a development, a before and an after. Your work consists in arresting time, just before the breaking or bursting … 

That's it. Unto the limit. Frozen at the very edge. My pouches do often burst, but then the sculpture has never even had the time to exist. When they don't burst, and the result interests me, they may still burst later. That's the game. I refuse to consolidate them to ensure their longevity. There are limits to cheating. 

Time arrested… I like that image. Unlike Sassolino who stages the actual breaking. You could say that I freeze an instant between two moments, two states. Plaster is particularly good for such experiments. 

Now that we are looking for clues to your work, a text by Jean- Christophe Bailly comes to my mind, where he suggests that a work is a result, a layer between the making of it and its interpretations. A result of abandonments, resistance, separation, and of a number of thoughts, wishes, hopes and events. In your work there is movement, but with no displacement. Humour helps defuse this movement, but cannot entirely remove the baroque anxiety generated by tension against collapse. Can you tell me how you found your material solutions, whether they were compelling, what you had to give up? Was the outcome a "conscious" act, or did you feel the work itself had taken command? 

I would say the work proposes rather than it actually "commands". In fact there is always a sort of battle between the materials and me. Between what they are and what I want. Plaster for instance sets quickly, and that does command even quicker shaping. You can review in advance as much as you like the paths leading to the intended result, but when the moment comes you must act, quickly, and often choose a different way, or follow a new lead revealed by the moment. Then, rid of its veil, the newborn object can exist in its own right, or become a fragment of a sculpture yet to be, or end up in the waste bin. So yes, every work of mine is the result of abandonments and resistances… in part at least. But it is also (and mostly I hope and trust) the outcome of enlightened choice. How to bridge this conflict between intent of the maker and nature of the object? Sometimes I ask other craftsmen to make a particular part, or I will go and select an object with a precise intention. But, as a rule, I like to use the waste that surrounds me, a lot of scrap wood from my carpentry work, as well as the things I had set aside just in case. 

You have "hard" pieces (crumpled, creased or folded metal sheets) which are autonomous in shape, with both an inside and outside surface according to where they are looked at, and you have other works which combine soft elements (pouches, tubes…) constrained by a hard architecture. A structure compresses a soft shape, not just to leave its imprint, but to "see what happens". I would like you to say more about this borderline, which starts off like a moulding, a semi-liquid running into a die, but then the shapeless morphs into a not predefined and almost random shape? 

I don't try to replicate a precise shape with all its detail as in a moulding. What I want is to make visible something that did not exist before. The choice of the material, its elasticity or on the opposite (more rarely) its shape, fixed beforehand, will partly determine the result. I can't really control the collapsing volume in the pouches. I do try to steer it, but it often escapes, contained within its skin and yet keen to burst out. The structures I make beforehand, without any definite aesthetic intent, out of the wood waste lying around, and they will constrain and compress the still soft pouch, until I sense the right moment to freeze it. These structures will become an integral part of the final piece, or I may change them to use them again in other experiments..

In the end, the work is indeed the result of much combining, of choices and abandons, accidents, and changes of options. And yes, as Bailly suggests, wearrive at this result together, the work and I. 

Is there any link with the photography and video you have practised? 

I still practise them. But indeed not quite as frequently as I used to. Maybe because of a lack of immediacy? If there were a link, it could be with the idea of  a "version of things". I imagine all artists propose "versions of things"... Mine as a rule start from a real scene, or scenery and then move on to something more improbable. Often with a bit of humour too. I add a story to my objects, and my photomontages and videos also propose a short narrative. A situation, a moment that occurs, when it never did really. On the verge of the plausible. This brings us back to your initial question: "what do we really see?" 

Although I have mostly done sculpture during the last ten years, from time to time I return to video and installation. Whenever an idea possesses me. My last one, «Schubert, Brendel, Lucien» originated in captures of an Alfred Brendel concert I found on the Internet. Beyond my particular fondness for Schubert (whom I had already used in another installation) the physical and musical performance of the pianist interested me, and led me to make "another version" of it. Again as a series of "possibles" where Brendel would bend to my rules. with what he brings and what I can add, "just to see" what can come out of it. A homage, of course, not a mockery! 

Object and image can also be associated, again for "another version". The last multifaceted work I did before plunging into sculpture was in a way a conclusion to my experiments in image-subject manipulation. Gestalt XXX stages the image as an object to observe and to manipulate. Starting with its most basic elements, up to the meaning of the whole. I put the image through a number of processes, where I dissect it, transform it, hide it and reveal it. According to the Gestalt theory the global perception of a form precedes the perception of its elements. The whole is more than the sum of its parts. 

So what do we really see? 

That is difficult to know.

Version : John Kingston Olliver